Recycl’Art
Le Recycl’Art, une tendance dans l’air / ère du temps…
Cette nouvelle tendance qui consiste à récupérer des déchets pour en faire autre chose, et pourquoi pas de l’art, m’a amenée à me poser la question: peut-on tout recycler, tout réutiliser?
J’ai abordé cette question avec les « petits machins » qu’on reçoit gratuitement en cadeau de fidélité auprès de nombreuses entreprises.
C’est un défi de taille, on peut longuement se demander ce qu’on va bien pouvoir en faire.
Après mûre réflexion, je me suis dit que je pourrais en faire un collier.
Oh oui! C’est génial, c’est sympa, c’est pop, c’est coloré!….
Hmmm, non, je pourrai jamais le porter, du coup je vais pas non plus l’offrir.
Mais que faire alors de tous ces petits machins? Défi créatif de haute voltige!
Les coller sur un carton?!
Ouais, c’est super!!!
J’ai alors pensé à certaines galeries d’art qui adorent vendre des trucs récup’ super cher du moment qu’on leur a sprayé un peu de peinture dessus. Voilà!
Ah oui, c’est tout de suite beaucoup mieux!
Attendez, un petit éclairage encore!
Là c’est bon, on tient un truc! On peut même commencer à tarifer.
Bref, pour toute bonne oeuvre d’art contemporaine, son commentaire est important.
L’oeuvre « récup’art contemporain 2019 »
Récup’art contemporain est une oeuvre signée par l’artiste marionnettiste et plasticienne Sophie Reinmann.
Dans un élan de créativité, l’artiste récupère des « petits machins » reçus lors de courses dans des chaînes de grande distribution. Soucieuse de l’avenir de ces « petits machins » et mue par un souci écologique certain, l’artiste se met à travailler la matière. Elle les colle alors d’une façon spontanée mais réfléchie sur un carton de récupération.
Analyse des techniques utilisées et du message que nous pouvons décrypter
Suite à un collage, visiblement à la colle chaude, l’artiste a sprayé à plusieurs reprise les « petits machins » ainsi que le carton. Un premier jet de spray jaune qui représente le pollen, élément symbolique essentiel de notre survie, a été saupoudré sur toute la toile. On recense alors deux autres sprayages de couleurs qui s’entremêlent. Un sprayage rouge sur le bas de la toile et un peu plus de sa moitié qui rejoint un sprayage doré qui enlumine toute la partie supérieure de l’oeuvre.
Si on se penche un peu plus précisément sur la symbolique de la toile on peut remarquer plusieurs choses.
Tout d’abord, on constate les pouces levés, symboles évidents de notre société virtuelle, qui likent à la fois la partie rouge et la partie dorée du tableau. Il y a des intérêts pour chacune de ces parties du monde. Nous observons également au centre, un idéal de société, la légèreté, les armes et la beauté qui se retrouvent en toute puissance sur un tracteur. Autrement dit, la puissance à laquelle nous aspirons tous. Vous remarquerez que la partie supérieure dorée correspond à notre idéal de vie. C’est ainsi qu’on y trouve notamment une étoile et une licorne, animal puissant et magique qui représente nos rêves les plus fous et les plus profonds. En effet, on tend tous vers le côté le plus surréaliste de soi-même. Le dépassement de soi, des limites. Eh oui, qui ne voudrait pas partager sa vie avec une licorne? En haut à droite, un émoticône triste se trouve dans la partie dorée. Cela signifie que même ceux qui sont réfractaires et tristes, se retrouvent dorés une fois qu’ils se retrouvent dans la partie supérieure du tableau.
Tout en bas du tableau, on trouve du rouge. Il s’agit là de l’illustration évidente du prix qu’il faut payer pour atteindre cet eldorado doré. Des mignons et d’autres personnages dans la partie du bas sont exploités pour permettre la brillance de la partie supérieure. La petite voiture représentante l’extraction des mines et du pétrole. Symbole du saignement de la terre.
Après une analyse profonde, on arrive à la conclusion que ce collage sprayé représente en fait notre société de consommation et le clivage nord-sud dans lequel nous vivons. Vous remarquerez peut-être que Donald a été collé tout en haut du tableau? Référence subtile à Donald Trump? Nous nous limiterons ici à une simple suggestion, hypothèse fugace qui ne pourra être confirmée que par l’auteure elle-même.
Bon voilà. Après cette petite excursion dans le récup’art ou recycl’art, nous pouvons sincèrement nous demander si le recyclage et la récupération de « petits machins » suffisent à combler nos excès de consommation.
Le recycl’art, une solution pour la gestion des déchets? Un kiff total, j’en conviens, mais bon, c’est un peu comme faire des bijoux avec des emballages de capsules nespresso pour se donner bonne conscience. Qui veut tapisser son appart de tableaux de « petits machins » et aller au travail avec 50 colliers de capsules nespresso?
